Dans les documents de l’Inquisition précédemment convoqués par l’historien, seuls les hérétiques ayant reçu le sacrement appelé consolament, devaient s’abstenir de toute nourriture animale, ce qui incluait produits gras, laitages et œufs ; les autres accusés d’hérésie, pouvaient consommer le porc salé, les volailles, voire la viande de bœuf et les produits laitiers ou les œufs.
Pour Anne Brenon, ce végétarisme des "parfaits" s’explique, non par la crainte d’une éventuelle réincarnation, mais par la volonté d’affaiblir le corps humain, d’origine terrestre, donc diabolique, ainsi que par la volonté d’appliquer les obligations auxquelles étaient soumis les moines, qu’ils n’appliquaient pas toujours, en se montrant en quelque sorte plus chrétiens qu’eux.
En effet, si tous les croyants devaient se priver de viande une bonne partie de l’année, et en particulier durant les 40 jours du Carême, les moines étaient quant à eux soumis à un jeûne perpétuel. Cette obligation était conçue comme une pénitence, car, pour saint Thomas d’Aquin "L’abstinence doit porter sur les aliments les plus délectables et les plus excitants".
Or, dans les couvents, les poissons étant autorisés, car nos ancêtres croyaient qu’ils naissaient par génération spontanée, sans coït ; à partir de là, certains gibiers d’eau leur étaient assimilés, tout comme les grenouilles, tortues, escargots et castors, qui, en raison de leur "amphibéité" étaient autorisés !
Allant plus loin, des théologiens estimaient même que la viande hachée perdait sa nature carnée, et admettaient sa consommation sous forme de boulettes, ou de farce, si bien que l’on trouve ces prédécesseurs de nos modernes hamburgers sous la plume des inquisiteurs languedociens.
En raison des longues périodes de jeûne, une centaine de jours par an, le poisson, frit à l’huile, était très consommé. Issu le plus souvent issu de la pêche en rivière, lors des voyages il devait être salé, mais le moyen le plus commode et le plus délectable était de le consommer en pâté ou en croûte.
On voit toute la variété des règles concernant la nourriture carnée… et les divers accommodements possibles.
July 26, 2020 at 10:06AM
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Carcassonne. Au XIIIe siècle : viande ou poisson ? - ladepeche.fr
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