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Saturday, July 25, 2020

Beaux poisson dans les filets de l'édition - Corse-Matin

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Ils sont 180, de l'anguille à la vive, en passant par le requin chagrin ou la sébaste-chèvre à louvoyer dans les pages de l'ouvrage de Jean-Pierre Fleury, réalisateur de documentaires pour la télévision, la radio. Aventure maritime garantie le long des 1 000 kilomètres de côtes de la Corse

Jean-Pierre Fleury a toujours côtoyé la mer. Dans son sillage, il traîne, entre autres, des souvenirs de marin pêcheur à Granville en Normandie,  « là ou se produisent les plus grandes marées d'Europe », de grands voyages autour du monde qui le mèneront de mers en océans.

Le requin blanc ou Carcharodon carcharias est potentiellement présent partout. - albiana

Avec le mouvement pour horizon, il enchaîne les découvertes et les captations d'images fortes pour narrer quelques mystères. C'est ainsi, dans un style de baroudeur mais aussi de poète et de phénoménologue, que depuis plus de quatre décennies à présent, il pense la nature et son travail de réalisateur de documentaires - notamment Histoires naturelles sur TF1 avec Igor Barrère. Désormais, la Corse avec ses 1 000 kilomètres de côtes s'est intercalée dans son terrain de jeu.

Face à la Méditerranée, depuis Acqua Doria où il a posé ses bagages, sa relation avec les embruns et les vagues revêt un sens éditorial. Jean-Pierre Fleury, qui se trouve dans la position du pêcheur pour le loisir et de « l'ictophyle », c'est-à-dire de l'amoureux des poissons, estime que la voie à suivre est, une fois de plus, celle de l'écriture.

Le poisson thermomètre est un opportuniste qui n'hésite pas à faire de l'holothurie - concombre de mer ou cazzu marinu - son logis. - albiana

Dans la foulée, il a conçu un beau petit ouvrage, Poissons de Corse, publié aux éditions Albiana. La virée dans les profondeurs insulaires allie considérations scientifiques, petite histoire et légendes, tandis que défilent en ordre alphabétique près de 180 espèces différentes ; de l'anguille à la vive - petit poisson très féroce -  en passant par le chapon, l'hippocampe, le rouget, le mérou gris, le requin-pèlerin ainsi que la famille ondoyante et diverse des raies.

Le rythme de leur apparition correspond à la scansion des pages. Le déroulé est identique pour chaque séquence ou plutôt pour chaque espèce. Il fait la part belle à « l'explication du nom scientifique, corse et français, au mode de prédation, à la façon de pêcher et de préparer le poisson considéré », explique l'auteur.

Celui-ci s'est laissé guider par le mode d'occupation du territoire maritime de ses sujets. « Par souci de clarté, ils sont classés suivant leur habitat : les eaux saumâtres, les herbiers, les zones rocheuses ou encore la pleine eau », énumère-t-il.

La girelle est une adepte de la transhumance version marine. L'été, elle évolue à quelques mètres de profondeur. L'hiver, elle plonge à 100 mètres au moins. - Doc Albiana

Auparavant, l'exercice a exigé un long travail de recherche et de rédaction. Il a consisté aussi à se faire plaisir, tout en faisant œuvre de pédagogie. « J'avais envie de rédiger ce livre. J'ai éprouvé la joie d'aller découvrir », confie l'auteur.

Il s'agit également de prolonger une expérience, en « faisant un petit frère au bouquin que j'ai fait sur les oiseaux de Corse. Toutes ces approches renvoient au miracle de la vie. Elles sont toujours imprégnées de ce besoin de connaître pour mieux aimer et protéger, cela va de soi », indique celui qui se souvient volontiers avoir, autrefois, participé au Grenelle de la mer.

En parallèle, il a le sentiment d'avoir ajouté un motif de plus au portrait intime de l'île.

« Vivre quelque part signifie pour moi vivre en fonction de la réalité de ce pays-là. Si je vivais dans le désert, je n'aurais pas écrit sur les poissons », lance-t-il.

Il observe, ressent, tout en avançant sur les traces de quelques figures tutélaires de la littérature halieutique à l'image de Tito de Caraffa au début du XXe siècle, de l'abbé Bonnaterre au XVIIIe ou de Chenu à la fin du XIXe. La méthode consiste à se rapprocher d'auteurs contemporains tels que Roger Miniconi, et à sillonner les quais, à la rencontre des « travailleurs de la mer », comme autant d'informateurs précieux, à travers leur bibliographie et leurs récits.

Gobie Panagel. - DOC ALBIANA

« Je tiens d'ailleurs à remercier tous les patrons pêcheurs qui ont eu la patience de répondre à mes questions. Je pense, en particulier, à René Caccavelli, Eric Costa, Yohan Coppez, Albert Dettori », énumère-t-il.

Il ne reste plus qu'à traquer, entre autres, le mérou qui « est femelle dans sa jeunesse et qui devient mâle en vieillissant », le poisson thermomètre, long, svelte et opportuniste au point de transformer l'holothurie, plus connue sous le nom de « cazzu marinu », en terrier de fortune, ou encore le saint-pierre ainsi nommé en référence a ses affinités bibliques. 

Un ouvrage instructif et divertissant, qui met en scène toute la poiscaille locale.

Entre poisson noble et menu fretin, en apparence du moins. Avec, en plus, de délicieuses illustrations.

grondin rouge(Marc Éliéser Bloch) - DOC ALBIANA

 

Une faune sous-marine sidérante de diversité et bien plus cosmopolite que l'on croit. « On n'a pas besoin d'aller dans les Caraïbes pour voir le plus grand poisson osseux du monde. Il est présent ici dans le grand large », observe Jean-Pierre Fleury. L'animal en impose par son poids - deux tonnes en moyenne - et par sa taille. Mais le « géant » est animé d'intentions bienveillantes.

C'est un gentil, « un gros sympathique, un débonnaire aussi », qui aime la vie, qui apprécie la chaleur du soleil sur ses minuscules écailles ainsi que les bons gueuletons. L'équivalent de 50 kilos quotidiens de calamars, de méduses et de crustacés pour un individu n'excédant pas 100 kilos.

Le requin blanc fait partie de ceux qui ont pris leurs aises dans la Grande Bleue à bonne distance du golfe du Valinco et du détroit de Bonifacio en particulier. Sans doute parce que les squales sont des nostalgiques de la petite enfance. On n'oublie jamais son territoire d'origine.

« Nombre de naissances ont lieu dans des parages relativement proches de la Corse, puisque le détroit de Sicile est reconnu comme un endroit privilégié pour la reproduction de cette espèce », explique l'auteur. Il n'y a pas de quoi renoncer à la baignade pour autant. Le Grand Blanc se déplace beaucoup. Il sait se montrer placide et se faire rare, par la force des choses ou plutôt de la surpêche et de la pollution.

Le pèlerin est, quant à lui, un régulier de la Corse. Il pointe son aileron aussi caractéristique qu'inoffensif du côté de L'Île-Rousse, de la Castagna, de l'Isolella, de Bonifacio ou encore de Solenzara, de préférence au printemps. 

La famille des requins compte des individus au physique ingrat, à l'image de la centrine, « des yeux verts, une peau épaisse et rugueuse, un corps replet et rond, semblable à celui d'un cochon et une face ventrale plate comme dessinée à la règle », décrit l'auteur. La bête qui se distingue par sa laideur est en plus mauvaise nageuse. Elle a très mauvais goût aussi. Sa chair « nerveuse et visqueuse » passe mal dans l'assiette. Moche et immangeable.

 


couverture livre - doc albiana

Poissons de Corse, Jean-Pierre Fleury, ed Albiana, 99 p




July 25, 2020 at 03:50PM
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